20 septembre 2007
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nom de l'entraîneur du XV de France est cité dans une affaire dans le Sud-Ouest.
Bernard Laporte au coeur d'une mêlée d'intrigues immobilières

La confusion des casquettes de Bernard Laporte, rugbystique (entraîneur du XV de France), politique (intime de Nicolas Sarkozy, futur secrétaire d'Etat des Sports) et affairiste (investisseur dans les casinos, la restauration et l'immobilier) est à son comble. L'imbroglio se déroule autour du bassin d'Arcachon, où Laporte exploite des campings, après avoir tâté des machines à sous, et se pique désormais de projets immobiliers. Durant l'entre deux tours des élections législatives, un tract de quatre pages mettait en cause le candidat socialiste François Deluga, président de la Cubas (Communauté urbaine chargée localement de l'eau et des déchets). Il ne s'agit pas, à proprement parler, d'un brûlot électoral, mais d'une «lettre ouverte» signée d'une société immobilière, Socatest, furieuse que les autorités locales lui refusent la délivrance d'un permis de construire. Simple détail : son gérant n'est autre que Bernard Laporte, par ailleurs membre du comité de soutien de la candidate UMP Marie-Hélène des Esgaulx, maire de Gujan-Mestras, en Gironde, (qui affiche la trombine du rugbyman dans tous ses prospectus électoraux).
Pataquès. Le sang de François Deluga n'a fait qu'un tour. Il vient de porter plainte au pénal et devant la commission des comptes de campagne, au motif que «ce document de propagande est de nature politique, dont la vocation est d'influencer les électeurs» de la 8e circonscription de la Gironde. Le rédacteur de la «lettre ouverte», Didier Demonchy, coïnvestisseur de Bernard Laporte au sein de la société Socatest, s'empresse de nier toute interférence électorale : «Je suis apolitique et je ne me suis pas concerté avec Bernard Laporte pour diffuser ces quatre pages ; on se sert de son nom pour faire du bruit, mais moi j'en ai un peu marre de me retrouver au milieu de querelles politiques.»
A l'origine du pataquès, le groupe Partouche, leader français des casinos, envisageait de créer une deuxième maison de jeux sur le bassin d'Arcachon. Echec. Bernard Laporte, dont le tropisme casinotier n'est plus à démontrer (lire ci-dessous), lui rachète son terrain de 1,5 ha et s'associe avec Didier Demonchy en vue d'y construire un ensemble (8 500 m2) de locaux commerciaux et de résidences pour hommes d'affaires : ils envisagent d'investir 15 millions d'euros dans ce projet baptisé le «Roof», et déposent un permis de construire en décembre 2006. Tant la mairie de La Teste-de-Buch que la Cubas, toutes deux sous direction socialiste, estiment que le permis de construire n'est pas conforme en matière d'adduction d'eau. D'où la tentation de Laporte et compagnie. de politiser le refus, sauf que le Siba (Syndicat intercommunal en charge de l'hygiène), sous présidence UMP, vient à son tour de s'opposer au projet immobilier au motif plus prosaïque de «l'impossibilité d'évacuer les eaux pluviales excédentaires».
«Intimidation». «Parce qu'on est dans l'ouest de la France, Bernard Laporte se croit au Far West», tonne François Deluga. Le 9 mai dernier, soit trois jours après l'élection de son ami Sarkozy, l'entraîneur du XV de France prenait sa plus belle plume «je, soussigné, Bernard Laporte, gérant de la SCI Socatest» en vue de «solliciter un accord» auprès des élus locaux pour obtenir son permis de construire. Là encore, son partenaire Demonchy minimise la démarche : «Il ne connaît pas le dossier, on lui a dit de faire un courrier.» Le maire PS de La Teste, Jean-François Acot-Mirande, y voit plutôt une «tentative d'intimidation» des élus locaux, en rappelant ce précédent : dans son camping arcachonnais, Laporte aurait fait araser une dune sur la zone du Pilat, «sans réaction des services de l'Etat».
Depuis que le ministère des Sports lui a été réservé, après la fin de la Coupe du monde du rugby, en octobre, le nom de Laporte a subitement été effacé du site web dédié au projet «Roof». Rien que de très normal, plaide encore Demonchy : «Je suis l'opérateur, avec promesse de vente sur 51, puis 80 et 100 % des parts» initialement détenues par Bernard Laporte. Ce dernier se serait borné à mettre de l'huile dans les rouages. Un vrai métier, avec parfois quelques ratés.