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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 01:59

« Et si la France était en train de devenir un pays soviétique ? Sans les soviets, bien sûr. Mais avec tout le reste… », c’est la question que se pose Jean-Luc Porquet dans « Le Canard enchainé » (n° 4608, 18 février 2009).

Ceci à partir d’un constat : la similitude du système international de comptabilité hospitalière (T2A, « tarification par activité »), destiné en France à transformer les hôpitaux en « entreprises » (« rentables » selon la novlangue sarkozienne, mais en fait condamnées à de graves difficultés financières face à la concurrence déloyale des cliniques privées.) En Russie poutinienne, le même système de codification conduit déjà les médecins à « falsifier » les dossiers médicaux, inventant des pathologies rentables.

On n’a pas encore souligné les similitudes économiques, sociales mais aussi idéologiques, entre les sociétés prétendument socialistes des régimes marxistes-léninistes issu de 1917 et les sociétés prétendument libérales de notre actuelle révolution occidentale, conservatrice, autoritaire et pan-capitaliste.

Jean-Luc Porquet travaille la comparaison, en s’attachant à la nature spécifique du tournant sarkozyste, qui effectivement nous fait penser aux temps radieux du « mensonge déconcertant » (d’après le titre d’un célèbre ouvrage d’Ante Ciliga).
Ceci à partir de quelques indices, effectivement signifiants, relevés par cet article :

« Les petits riens quotidiens. Ces réservations de train de plus en plus difficiles à se procurer, ces queues interminables aux guichets.
- Ces démarches de plus en plus hasardeuses, que ce soit pour un renseignement ou une réparation, avec barrages à franchir avant de débusquer un interlocuteur caché derrière sa « boite vocale ».
- Cette absence de réponse, c’est toujours la faute à l’autre ou à l’informatique.
- Ces salariés tellement mal traités et déconsidérés qu’ils s’en foutent, j’ai un sale boulot et je le fais salement. La démobilisation générale.
 »
- « Le décalage grandissant entre les mots et la réalité », avec le « bla-bla » (une expression d’ailleurs inventée par le Canard enchaîné) des « grands médias » et des « apparatchiks » qui reprend la fonction de la « langue de bois soviétique » laquelle promettait « une irrésistible marche en avant vers l’avenir radieux, avec poignée de formules répétées jusqu’à l’hypnose » (comme aujourd’hui : « il ne faut pas faire de pause dans les réformes », cite Jean-Luc Porquet.)
- Les promesses intenables de Sarkozy (sur le pouvoir d’achat, etc) comme au temps du « Gosplan sur la comète ».
- « Ce culte atterrant de la personnalité » au « sommet del’État ».
- « Sa cour de lèche-bottes qui en rajoutent ».
- « Cette parano qui gagne : l’appareil policier dont il s’entoure, les armées de flics mobilisés pour ses moindres déplacements ».
- Cette « volonté affichée de généraliser le flicage, fichiers, vidéosurveillance, etc »,
- cet « ennemi intérieur chaque jour montré du doigt » et notamment les grévistes.

« Bref », conclut Jean-Luc Porquet dans cette chronique à nouveau stimulante et pertinente, « un système d’une incroyable morgue, inefficace, autoritaire, qui s’imagine indéboulonnable ».
Mais maintenant, qui va travailler concrètement à l’émergence d’un mouvement profond pour la destitution urgente de ce régime personnel ? C’est désormais une cause de salut public.

lucky.blog.fr

 
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