Dénoncée par une écrasante majorité de Français, la suppression de 555 postes chez Total alimente un mécontentement social à un niveau record avant la journée d'action du 19 mars, selon le baromètre mensuel BVA-« Les Echos »-France Info-BPI.
Si un soleil printanier gagne la France, le climat social, lui, se dégrade sérieusement. Selon le baromètre mensuel BVA-« Les Echos »-France Info-BPI, 74 % des Français trouvent « justifiée » la journée interprofessionnelle de mobilisation organisée jeudi par les syndicats pour obtenir du gouvernement de nouvelles mesures en faveur de l'emploi et du pouvoir d'achat. Un soutien massif qui dépasse les clivages politiques et sociaux : 55 % des sympathisants de droite (contre 42 %) et 75 % des catégories supérieures (CSP+) contre 24 % appuient le mouvement.
Hormis le récent conflit en Guadeloupe, qui avait été défendu par 78 % des Métropolitains, « il s'agit du mouvement social le plus soutenu depuis près de quatre ans que BVA enregistre l'attitude des Français » sur ces questions, constate Gaël Sliman, le directeur général adjoint de l'institut. Déjà très populaire, la journée d'action du 29 janvier dernier n'avait reçu l'appui que de 69 % des sondés. Et, preuve, s'il fallait, du chemin parcouru, une majorité de Français jugeaient « injustifiées » les manifestations contre la réforme des retraites, il y a à peine un an et demi, rappelle Gaël Sliman.
« Il est très probable que les annonces de plans sociaux, la semaine dernière, chez Total et Continental ont contribué à renforcer in extremis le soutien au mouvement de jeudi », estime-t-il. L'annonce des 555 suppressions de postes par le géant pétrolier, après des profits record en 2008, est, de fait, jugée très sévèrement par les personnes interrogées au cours du week-end par BVA. Pas moins de 83 % des sondés considèrent qu'« il n'est pas normal » que la compagnie réduise ses effectifs « même sur des secteurs moins porteurs dans la mesure où elle a réalisé des bénéfices importants ».
Probable détérioration
Un sujet supplémentaire de mécontentement à l'égard du gouvernement dans la mesure où celui-ci soutient désormais Total. Lors d'un déplacement, vendredi, dans la Drôme, le Premier ministre, François Fillon, avait volé au secours de la compagnie, « une des plus belles entreprises françaises », qui, avait-il souligné, va « créer plus d'emplois qu'elle n'en supprime » cette année en France. Contredisant, au passage, son secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, qui avait vu dans ces suppressions de postes un « scandale ».
Pas surprenant, dans ce contexte, que la perception de la politique économique du gouvernement se dégrade un peu plus : 62 % des personnes interrogées par BVA la considèrent désormais comme « mauvaise » (+ 2 points), alors qu'elles sont 34 % (+ 1 point) à la juger « bonne ». Les plans de licenciements étant appelés à se multiplier dans les mois à venir, « les choses, prévient Gaël Sliman, peuvent encore se détériorer. »