Ils sont, en effet, beaucoup trop occupé à nous détailler en long, en large et en travers la tempête décennale qui vient d'avoir lieu dans le Sud-Ouest. Sur ce sujet là le consensus national est de bon aloi et fait les choux gras d'une presse prompte à se populariser, puisque le mot est à la mode depuis ce Week-end.

Par contre si vous êtes allé jeter un oeil chez Bakchich ce matin , vous vous serez certainement rendu compte qu'ils bossent eux. Ils viennent de mettre la main sur un rapport

que le procureur Jean-Claude Marin avait envoyé à la chancellerie en décembre 2007. Ce document, scellé à l'appui, met en cause directement Edouard Balladur et Nicolas Sarkozy au sujet du financement de la campagne présidentielle de Balladur dans laquelle Nicolas Sarkozy avait joué le rôle de la mouche du coche.

Une petite synthèse est nécessaire, car l'histoire a plus de dix ans et il semble qu'il n'y ai pas eu beaucoup de journalistes pour s'occuper de ces affaires de malversations financières et de corruptions.

la DCN (direction des constructions navales) est perquisitionnée en janvier 2006 par le Fisc, celui-ci transmet le dossier au parquet de Paris. Le nom de Nicolas Sarkozy intervient à plusieurs reprises. Cette affaire est suivie de près par le président, alors ministre de l'intérieur. La séparation des pouvoirs dans ces cas là n'est guère de mise dans notre état Colbertiste par nature, soit dit en passant.

Le dossier reste en stand-by, pour cause d'élection présidentielle comme cet autre dossier, jusqu'en novembre 2007. La presse est toujours aux abonnés-absents. le procureur Marin, visiblement sorti de sa torpeur se fend alors d'un rapport de 13 pages. Il signale donc son allégeance au président impliqué dans cette affaire, en lui déclarant que des accusations succintes et imprécises l'implique dans ce dossier.

Cela aurait nécessité une clarification par un complément d'enquête, puisque les pièces saisies concernaient tous les grands contrats d'armement Français des années 90. De plus la filière mise en place de 1994 à 95, avec l’aval du ministre du Budget d’alors, Nicolas Sarkozy, est décrite dans le menu des pièces saisies, les listes des commissions et rétro-commissions sont mentionnées. Nous parlons de sous-marins en Malaisie, de patrouilleurs au Koweit, de frégates en arabie saoudite etc etc...

Mais étrangement dans ce rapport de 13 pages, le procureur n'envisage pas de poursuivre sur cette piste politique, la chancellerie et l'Elysée suivent avec zèle les préconisations du valeureux procureur et l'enquête est lancée tous azimuts vers quelques lampistes qui ont été sans doute "fluidifiés" par ce passage de valises d'argents.

Le dossier concernant les Frégates de Taiwan a été clos, sans que l'on ne saches réellement qui a reçu des rétro-commissions. Cette affaire devrait suivre son cours gentiment avec un archivage vertical in fine.

Notre presse reçoit des millions depuis quelques temps, mais elle n'est pas très loquace sur ce type de sujet aux frontières du journalisme de masse. C'est pourtant ce journalisme là qui fait la différence. Bakchich avait des soucis financiers ces derniers temps, concernant ses frais de dossiers juridiques, inhérents à son activité. Je n'ai pas entendu qu'une aide particulière lui soit apportée.