Le sarkozysme est impitoyable aux petits, on le savait : fonctionnaires, salariés, accidentés du travail, malades, handicapés... tout le monde paye cher les cadeaux aux puissants amis. La défenseure des enfants, récemment, les consommateurs étranglés par les prix du téléphone portable et les accidentés du travail en ont encore fait les frais la semaine dernière...
Le sarkozysme n’a que faire des libertés publiques et du formalisme démocratique, on le voyait aussi : vidéosurveillance à tous les étages, fichiers de police en toute illégalité, Coupat qui subit 9 mois de prison iniques, rafles à la sortie des écoles, viol de tous les ordinateurs à travers hadopi, vérification systématique des mails dans la foulée, juges d’instruction supprimés, télévisions et radios publiques aux ordres, avec un président nommé par une lettre de cachet du monarque, et Villepin embastillé, sans doute bientôt -en tous cas c’est ce dont rêve Sarko-.
Le sarkozysme affaiblit la France : dette publique qui dépasse 75 % du PIB, ridicule diplomatique permanent, errements des politiques économiques et fiscales...
Mais tout cela, on pourrait penser le réparer un jour, si la France reste une République et si l’alternance joue son rôle.
Mais pour cela, il faudrait que le sarkozysme respecte la démocratie elle-même. Or, à bien des égards, le sarkozysme ressemble de plus en plus à un lent et inexorable coup d’Etat au service de l’Oligachie.
Ne souriez pas. Ne dites pas que Anglade et Betapolitique crient au loup depuis des années. Il y a des signes vraiment inquiétants.
La quinzaine passée, par exemple, on a appris que Christian Blanc, le faux nez de Nicolas Sarkozy, allait soumettre au parlement une loi lui permettant de réquisitionner 100 % de la surface de Paris, 80 % de la Seine Saint-Denis ou encore 60 % du Val de Marne, pour le confier à un Etablissement public du grand Paris qui pourra donc, sans aucune possibilité d’appel, vous exproprier de chez vous et confier votre terrain à M. Bouygues pour construire ses éléphants blancs.
La semaine dernière, on apprenait que dans la nuit, une poignée de députés UMP avaient confisqué le patrimoine du Syndicat Intercommunal des Transports d’Ile de France (soit 3 milliards d’euros de rails, RER et gares) pour les confier à la seule RATP (régie AUTONOME des transports parisiens). Les copains et les coquins s’organisent pour se remplir les poches.
Tout ceci n’était donc rien. Vendredi, François Fillon confirmait l’information distillée depuis des semaines par le Canard Enchaîné. Le conducator suprême ne se contente pas d’avoir décidé seul de supprimer à la fois les Régions et les Départements pour les remplacer par d’improbables "Territoires". Il décide surtout de bouleverser le mode électoral.
"Scrutin majoritaire à un tour", laisse tomber Fillon. Quelques petits mots qui signifient très simplement que le type arrivé en tête du premier tour, quel que soit son score, sera élu.
Même avec 20 % des suffrages ?
Oui. Même avec 20 % des suffrages.
Pourquoi cette curieuse décision ? Fillon nous sert une incompréhensible bouillie : "Le mode de scrutin qui vous est proposé pour la désignation des conseillers territoriaux favorisera leur positionnement : notre choix est en effet celui de l’élection dans le cadre du canton, donc au scrutin majoritaire à un tour, qui garantit l’ancrage territorial et la proximité des élus avec la population". Vous avez compris ? Moi non plus.
Mais ce que j’ai compris, en revanche, c’est que l’UMP a fait rentrer au forceps toutes les droites dans un moule unique : de Philippe de Villiers et des transfuges FN à Hervé Morin et les transfuges UDF en passant par les RPR, les libéraux, les Giscardiens et toute une clique de droite.
Et que ceux qui n’entre pas dans le moule subissent les coups les plus tordus.
Et que par de savantes machinations (et aussi à cause de sa propre stupidité), la gauche est émiettée en 3 partis trotskystes, un parti communiste, un parti vraiment de gauche, un parti écologiste et un parti socialiste au bord de l’implosion.
Traduction électorale ? Aux dernières européennes, 72 % des Français désavouent Sarkozy, mais l’UMP apparaît en triomphatrice avec 28 % des suffrages. Triomphe de facade, direz-vous ? Certes, cette fois là. Mais avec le nouveau mode de scrutin, les choses vont bien changer. Avec 28 % des suffrages, l’UMP va raffler une quantité inouïe de présidences. ET nous resservir un bon tour de vis.
Cette décision est une forfaiture. Les démocrates de ce pays doivent la rejetter massivement.
Sarkozy a choisi délibérément une stratégie de tourbillon. Il enchaîne sans les assauts sans trève ni répis et l’opposition ne sait plus à quel saint se vouer.
Je lui propose ce combat là. C’est le point central sur lequel nous devons unir nos forces. Ce combat là doit être le tombeau politique du sarkozysme.
Et nous en serons.
- Anglade