Face au réchauffement climatique, les responsables politiques se sont surtout concentrés pour le moment sur un objectif : réduire le niveau d'émissions de CO2. L'idée que le grand changement est déjà engagé, qu'il va falloir s'y adapter et qu'il aura un impact reste largement taboue. Pourtant, selon un rapport de l'observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), publié vendredi, la cartographie des tendances sur le XXe siècle montre un réchauffement plus important que le réchauffement global en France. La température moyenne annuelle a augmenté de 0,95 degré sur le territoire hexagonal (+ 0,74 au niveau mondial) entre 1901 et 2000. Suivant les scénarios, une nouvelle hausse de 0,99 à 1,37 degré à l'horizon 2050 est envisagée.
Le premier effet de ce bouleversement, calculé en excluant les scénarios les plus pessimistes des climatologues, serait un déficit de 2 milliards de mètres cubes d'eau par an en 2050. Soit 14 % des prélèvements agricoles, industriels et pour l'eau potable. Mais moins de 2 % du total des écoulements annuels moyens dans l'Hexagone. Localement, les nappes sédimentaires du bassin de la Seine baisseraient de 15 mètres, de quoi faire exploser les factures d'eau car celle-ci serait plus difficile à aller chercher.
Risque de submersion
La remontée du niveau de la mer longuement décrite par les climatologues met en danger plusieurs dizaines de milliers de logements dans le seul Languedoc-Roussillon. Et la proportion des infrastructures routières soumises au risque de submersion permanent représente 4 % du total, entraînant une facture de plus de 2 milliards, uniquement pour les routes nationales.
Dans les villes, les dommages générés par le risque de « retrait-gonflement » des sols argileux pourraient dépasser 1 milliard d'euros par an en 2100 si rien n'est fait pour modifier les constructions. Un phénomène qui coûte déjà environ 200 millions par an à l'échelle de la France en période de canicule. Dans les Alpes, aujourd'hui 143 domaines sont correctement enneigés. En cas de réchauffement de deux degrés, hautement probable, ils ne seraient plus que 96.
Ce rapport va servir au lancement, d'ici à 2011, d'un plan national d'adaptation au changement climatique, conformément à la loi d'orientation du Grenelle de l'environnement. A Copenhague par exemple, les débits des systèmes de drainage sont systématiquement augmentés de 70 % par rapport aux besoins actuels, un taux permettant d'assurer le bon fonctionnement des installations quel que soit le scénario climatique envisagé. Au niveau mondial, d'ici à 2030, les Nations unies estiment que les politiques d'adaptation nécessaires coûteraient entre 28 et 67 milliards de dollars par an pour les pays en développement et entre 21 à 104 milliards pour les pays développés. Mais, chaque année, le fonds pour l'environnement mondial dispose d'un budget de… 300 millions d'euros. La Commission européenne envisage, elle, de mettre en oeuvre d'ici à 2011 un centre d'échange d'informations et préconise de procéder à des évaluations des coûts et avantages de l'adaptation d'ici à 2011. La deuxième phase consistera à élaborer pour 2013 une stratégie communautaire.
JULIE CHAUVEAU, Les Echos