Un nouvel insecticide donne le bourdon aux apiculteurs
Après avoir obtenu la suspension du Régent et d u Gaucho, les apiculteurs varois partent en guerre contre un nouvel insecticide. Un combat qui, disent-ils, va bien au-delà de la survie de leur activité.
Les apiculteurs tirent une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Après avoir obtenu la suspension depuis 2004 (non sans mal) du Régent et du Gaucho, voilà qu'ils se heurtent à un nouvel insecticide, le Cruiser, censé protéger le maïs contre un insecte.
Environnement:Le Cruiser, destiné à lutter contre un parasite du maïs, vient d'être autorisé. Les apiculteurs le jugent dangereux pour les abeilles et pour l'homme
« Or, c'est la même famille de molécule qu'on retrouve pour le Régent et le Cruiser. On se moque vraiment de nous »,
Compensation aux OGM
Apiculteur à Fréjus depuis plus de trente ans, amoureux de son métier, Pierre Barbe récapitule les agressions subies par les abeilles ces dernières années : urbanisation, déforestation, sécheresse qui perturbe le rythme biologique? Il était vraiment inutile « d'y ajouter, dans les régions de grandes cultures, des insecticides et des pesticides pour traiter le maïs, sous prétexte d'assurer la production. Il y a bien d'autres façons de nourrir la population ! On n'aurait pas besoin de ce maïs s'il y avait plus de paysans et moins d'agriculture intensive », analyse-t-il.
Pour lui, cette nouvelle autorisation de mise sur le marché n'est, en fait, rien d'autre « qu'une compensation à la suspension des OGM. On retire d'une main ce qu'on donne de l'autre. Et c'est bien sûr contraire au Grenelle de l'environnement. Mais le gouvernement ne pouvait pas lâcher la FNSEA, syndicat puissant chez les agriculteurs ».
Pour le Var (premier département apicole en France), la menace portée par le Cruiser est réelle. Car si la culture du maïs est insignifiante ici, « en revanche, nous effectuons beaucoup de transhumance dans des régions (comme la vallée du Rhône) qui, elles, seront contaminées », craint cet apiculteur. « Dans quelques années, les dégâts risquent d'être très importants. Pour l'instant, nous n'avons pas assez de recul, pas assez d'études sur cet insecticide. C'est exactement le même problème que les OGM : on veut introduire des produits qu'on retrouvera partout dans la nature, sans en connaître la dangerosité ».
« Les sentinelles de l'environnement »
L'AFSSA a certes prévu des garde-fous, comme un seul traitement du maïs tous les trois ans sur la même parcelle ou encore l'interdiction de toute culture présentant un intérêt apicole pendant un an sur une parcelle traitée « mais qui viendra surveiller ce que plante le paysan ? Quelle administration en aura les moyens ? », s'interroge Pierre Barbe.
Lequel, en dehors des abeilles, élargit son propos à toute la faune et la flore. « Nos abeilles, on peut les surveiller. On sert de fusibles, on voit ce qui se passe à travers elles. Les abeilles sont les sentinelles de l'environnement car elles enregistrent tout. Mais ce Cruiser va faire du mal aux autres insectes pollinisateurs. Si on fait tout disparaître, qu'est-ce qui va se passer ? », demande-t-il.
Et de conclure : « Nous voulons conserver un monde normal. Souvenons-nous que les abeilles servent à la pollinisation des plantes. Sans elles, 80 % de ce qu'il y a sur les étals des marchés disparaissent. S'il n'y avait plus d'abeille dans l'Estérel, là où je mets mes ruches, ce massif piquerait du nez ».
Rien que ça.
Source: Var Matinhttp://www.brignoles.maville.com/-Un-nouvel-insecticide-donne-le-bourdon-aux-apiculteurs-/re/actudet/actu_dep-544403------_actu.html