ENVIRONNEMENT
La tempête Xynthia a semé des craintes dans la région
Publié le mardi 05 octobre 2010 à 06h00
BÉRANGÈRE BARRET > berangere.barret@nordeclair.fr
Un constat d'abord : le Nord - Pas-de-Calais n'est pas à l'abri des risques d'inondation. « Deux communes de la région sur trois sont visées par le plan de prévention de risque inondation », commence Michel Pascal, directeur de la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), créée en 2009 et placée sous l'autorité du préfet de région pour appliquer les politiques de l'État en matière d'environnement (lire ci-contre). Si l'on ajoute à cela une hausse du niveau de la mer et un phénomène d'érosion du littoral, qui a perdu 250 mètres de terrain en cinquante ans, la conclusion s'impose : « Ce qui s'est passé avec Xynthia aurait pu se passer sur certains endroits du littoral. »
Digues et wateringues
Selon le préfet de région Jean-Michel Bérard, une dizaine de sites sont sujets à une rénovation importante. Trois ont été identifiés comme de vraies urgences : Sangatte (dont la digue a été endommagée par Xynthia), Oye-Plage et Dunkerque. Ces cas ont été « remontés à Paris » pour demande de financement dans le cadre du plan digue. « Trente millions d'euros de travaux seraient nécessaires », compte Jean-Michel Bérard.
Autre sujet d'inquiétude : les wateringues, ce triangle compris entre Dunkerque, Saint-Omer et Calais, situé sous le niveau de la mer et asséché au fil des siècles. Quatre groupes de travail sur l'aménagement du territoire des wateringues ont été mis en place.
« Pour l'instant, nous n'avons pas d'instrument juridique pour maîtriser l'immobilier sur cette zone, précise le préfet. Mais on va faire en sorte que ça ne s'aggrave pas. » Jean Schepman, conseiller général du Nord et président de l'Institution départementale des wateringues, travaille avec la DREAL sur le sujet : « Sur cette zone, il y a un risque d'inondation par l'intérieur et il faut aussi empêcher la mer d'entrer...
Un audit du préfet a rappelé que notre système (permettant de réguler le niveau des eaux sur la zone, ndlr) est en danger, il faut agir. L'État s'était mis à réagir un peu avant la tempête, tout en se donnant le temps, mais Xynthia a été déclencheur dans la volonté de trouver une solution. » Cela dit, la question du financement de ces travaux, tant pour les digues que les wateringues, reste, malgré une volonté affichée, encore trouble. Le préfet met le doigt dessus : rappelant une loi datant du XIXe siècle, il précise que « les ouvrages de défense à la mer sont sous la responsabilité des riverains. L'État ne pourra apporter que 45 % du financement. » Pas plus. Les acteurs du territoire devront trouver le reste.
« C'est pourtant une problématique nationale », souligne le maire de Sangatte qui dit aujourd'hui « craindre pour sa digue et la ville ».
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