les ateliers reprennent
je participe à 3 ( ! )ateliers: batiments, nouvelles énergies et eau
.Bien du plaisir en perspective !
j'espère que nous ne serons pas notés !!!
voici un article écrit par une élève journaliste à Lille :
Grenelle de l’environnement
« Ni optimiste, ni pessimiste, je reste déterminé »
Jean Schepman est le vice-président du conseil général du Nord, chargé de l'environnement, de la politique de l'eau, du cadre de vie et de l'agenda 21. Très concerné par les questions de développement durable dans son canton d’Hondschoote, au sud de Dunkerque, ce socialiste œuvre pour que le département devienne écologiquement responsable. Des ampoules à basse consommation aux robinets économes en eau, Jean Schepman est sur tous les fronts pour réduire la facture énergétique de l’hôtel du département. Son ambition durable ? Que tous les édifices publics du Nord, ainsi que les entreprises, adoptent une position « écolo » grâce à des mesures incitatives, ou coercitives s’il le faut. Sa dernière lubie : que les bâtiments publics produisent leur propre énergie et ne soient plus des consommateurs effrénés. Jean Schepman a participé aux travaux préparatoires du Grenelle de l’environnement cet été, au sein de l’atelier « énergie et transports ». Parfois moqué pour ses déclarations catastrophistes sur « la montée du niveau de la mer qui va submerger la Côte d’Opale d’ici 50 ou 100 ans si on ne fait rien », ce quinquagénaire est toujours partant pour discuter de l’avenir de la planète. Il a accepté d’évoquer l’après-Grenelle, à un moment où les premiers doutes sur la bonne volonté du gouvernement se font sentir.
Les syndicats, les ONG et l’ensemble des participants aux tables rondes du Grenelle de l’environnement sont sortis très optimistes des négociations des 24 et 25 octobre à Paris. Mais depuis quelques jours, l’ambiance est plus électrique. L’Alliance pour la planète évoque « une vraie réduction des ambitions ». Quel est votre sentiment par rapport à ces critiques ?
C’est vrai qu’au sortir du Grenelle, nous étions tous euphoriques, persuadés d’avoir bien avancé. Aujourd’hui, on a des raisons de douter et carrément d’être déçus. Je pense par exemple au projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés que Jean-Louis Borloo – le ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables – a présenté hier en conseil des ministres. Du « produire et consommer sans OGM » initial, négocié pendant le Grenelle, on se retrouve avec « produire et consommer avec et sans OGM ». Ca change totalement la donne. A quoi sert de décider ensemble si, au final, c’est au bon vouloir du gouvernement ? Nathalie Kosciusko-Morizet – la secrétaire d’Etat chargée de l’écologie - défend un texte bien en deçà des accords. Pourtant, pendant les débats, Nicolas Sarkozy était catégorique sur cette question.
Cette évolution négative vous inquiète-t-elle ?
Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste. Je reste déterminé à faire aboutir mon action en faveur de l’environnement. Un politique doit croire qu’il peut faire évoluer les choses. Pour l’instant, je ne suis pas inquiet. Il y a de vrais motifs de satisfaction : certains projets ont l’air d’être réellement sur les rails, comme l’écopastille – un système de bonus malus écologique pour les voitures neuves, basé sur la quantité de CO2 rejeté, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2008. Ca « conscientise » les consommateurs.
Mais depuis la semaine dernière des voix s’élèvent contre cette taxe qui est payée à l’achat du véhicule et non annualisée comme les ONG le souhaitaient…
Les débats ont été si houleux sur cette thématique qu’il a fallu trouver un consensus minimal entre les participants. Alors, certes, ça n’est pas parfait mais on n’a rien pu faire de mieux... Mais j’avoue que je commence à avoir quelques doutes car certaines choses me dérangent : le groupe de travail sur l’énergie, auquel j’appartiens, devait se réunir avant le 15 décembre pour évoquer la problématique des bâtiments produisant leur propre énergie. Sauf que nous arrivons à Noël et il ne s’est toujours rien passé de ce côté là… Il y a un vrai manque d’organisation : il y avait aujourd’hui une autre réunion plus générale sur le Grenelle, au ministère. Mais on m’a prévenu seulement hier donc je n’ai pas pu m’y rendre. J’ai l’impression qu’on est dans l’improvisation maintenant…
A quoi attribuez-vous cela ?
A Jean-Louis Borloo. Vous avez remarqué, on ne l’entend presque plus s’exprimer. C’est dommage, il avait lancé un chouette truc avec ce Grenelle…
Vous en parlez avec un brin de nostalgie…
Oui… Je faisais vraiment confiance à Jean-Louis Borloo… Il est dynamique, engagé, mais en ce moment c’est silence radio, alors qu’il y a encore beaucoup de travail !
Comment expliquez- vous ce changement d’implication ?
J’ai deux explications. Soit Jean-Louis Borloo considère qu’il a fait sa part du travail et il a décidé de laisser ses services s’occuper du reste. Même si j’admets qu’il a déjà beaucoup travaillé, ça n’est pas une solution. Il ne faut jamais relâcher ses efforts tant qu’il reste des problèmes non résolus. S’il est dans cette posture, les citoyens qui ont envie d’agir pour le développement durable vont se démotiver très vite. Les politiques doivent montrer l’exemple pour entraîner les autres, être des leaders, c’est comme ça que je conçois notre action. Voilà ma première hypothèse du désengagement du ministre, qui ne sera, je l’espère, que passager. Quant à la deuxième… J’ai peur qu’en haut lieu on lui ait dit de se calmer…
C’est-à-dire ?
Je crains que le Président lui ait dit : « Jean-Louis, tu devrais arrêter de faire des promesses qu’on ne pourra pas tenir. Promets tant que tu veux de faire bouger les choses, mais de toute façon on ne te donnera pas un sou de plus… »
Vous parlez d’argent, ou plutôt d’un éventuel manque de moyens. Justement, l’Association des régions de France s’inquiète du « budget 2008 qui ne comporte pas d’aménagements pour mettre en œuvre les annonces en matière de développement des transports collectifs ». Quel est votre sentiment face à l’absence de traduction budgétaire des mesures environnementales ?
De toute façon, il faut bien être conscient d’une chose : le gouvernement ne veut pas débourser un centime pour le développement durable. La plupart des mesures décidées n’auront aucune incidence sur le budget propre de l’Etat. Les autorités font des promesses orales, à charge ensuite pour les collectivités territoriales de les mettre en œuvre et de les financer. C’est comme ça depuis longtemps, c’est un résultat de la décentralisation. L’Etat fait payer ses mesures par les départements, les régions voire les consommateurs. Et dans le cas précis de la protection de l’environnement, ce sont les pollueurs qui sont taxés.
Devant le recul sur certaines questions, des participants au sommet réclament un nouveau départ. La fondation Nicolas Hulot propose de réunir tous les mois un groupe de suivi « pour conserver la dynamique du Grenelle ». Vous devez être favorable à cette requête…
Oui, bien sûr. Cette effervescence suivie d’un calme relatif est préoccupante. On doit rester dans une optique de rapport de force, et ne rien lâcher. Il faut tenir dans la durée.
Du côté des syndicats, notamment de la Confédération paysanne, on évoque aujourd’hui le Grenelle comme de « la poudre aux yeux ». Vu l’évolution de la situation, n’avez-vous pas peur que ce sommet n’ait été qu’une opération de communication ?
C’est vrai que Nicolas Sarkozy est très fort sur ce terrain là et qu’on peut donc légitimement se poser la question. Mais, si ce n’était qu’une opération de com, ce que je n’espère pas, je trouve que ça a très bien fonctionné. Je m’explique. Même si, pour l’instant, on a l’impression que les mesures ne sont pas à la hauteur des promesses, il y a au moins un point positif dans le Grenelle : les gens se sentent concernés par les questions environnementales. Ils en parlent, ils s’intéressent à ces sujets désormais.
Cet été, vous expliquiez en effet à la Voix du Nord votre « optimisme ». Et vous ajoutiez : « si le président de la République, Jean-Louis Borloo et Nicolas Hulot disent « allez, on fait tous un effort », les gens suivront. » Aujourd’hui, êtes-vous toujours aussi confiant ?
Oui, car j’ai vu un sondage récent dont le résultat est frappant : 89% des Français se disent prêts à faire des efforts pour protéger leur environnement. Ca montre l’efficacité du Grenelle sur les mentalités. Et ça, c’est déjà une excellente avancée, fondamentale selon moi. Ensuite, les intentions ne suffisent pas, il faut que les gens modifient vraiment leur comportement. Mais, attention, les citoyens ne doivent pas êtres les seuls à se mobiliser. J’attends avec impatience la suite concrète du Grenelle !
Et justement, la suite, vous la voyez comment ? En juillet, vous déclariez que vous n’hésiteriez pas à vous désolidariser du Grenelle si ça ne passait pas comme vous vouliez…
J’espère que la situation va avancer en janvier. J’accorde au gouvernement le bénéfice du doute avec les fêtes de fin d’année qui approchent. Je laisse une chance aux dirigeants, pour l’instant. Mais si d’ici fin janvier 2008 il ne passe toujours rien, croyez-moi, ils vont entendre parler de moi ! J’attends de voir avant de m’énerver. Je me rassure en me disant que tout était peut-être trop précipité, qu’on n’a pris assez de temps pour finaliser les décisions au niveau national…De toute façon, au niveau local on continue à se mobiliser.
Dans le Nord, donc, qu’est-ce que vous faites pour respecter les objectifs du Grenelle ?
On n’a pas attendu ce sommet pour commencer à travailler ! On a mis en conformité l’hôtel du département avec les impératifs écologiques de réduction de la consommation d’énergie bien avant. Et on se lance dans l’autoproduction d’énergie. Mais c’est vrai que, depuis les négociations, beaucoup de gens m’appellent pour savoir quoi faire. Des chefs d’entreprises veulent des informations sur la géothermie, se demandent par quelle société passer pour faire installer des panneaux solaires,... Idem avec les constructeurs du bâtiment, ils sont très intéressés et souhaitent développer leur activité dans ce sens. De ce côté-là, ça bouge beaucoup : il y a de vrais efforts d’adaptation. Mais mon objectif, en ce moment, c’est d’avancer sur les dossiers ferroviaire et fluvial. Le canal Seine Nord est bien parti. L’autre priorité c’est d’aller vite sur la question des transports en commun. Mais je me serais battu pour tout ça avec ou sans le Grenelle.
Propos recueillis par Aurélie Herbemont le 20 décembre 2007.