Nicolas Sarkozy veut aller vite sur le travail le dimanche. Malgré la fronde d'une partie de l'UMP, le gouvernement a décidé d'inscrire dès mardi prochain à l'ordre du jour de l'Assemblée la proposition de loi sur l'extension des ouvertures dominicales des magasins, a-t-on appris jeudi de sources parlementaires.
Mercredi devant les députés UMP, Nicolas Sarkozy avait exprimé sa détermination à légiférer sur le travail dominical, au nom de la "valeur travail" défendue pendant la campagne présidentielle de 2007. Il n'a pas tardé à concrétiser cette volonté.
Lors du petit déjeuner hebdomadaire de la majorité, réuni exceptionnellement jeudi matin, le chef de l'Etat a annoncé que le débat sur la proposition de loi de Richard Mallié commencerait dès mardi prochain dans l'hémicycle, si l'examen du projet de loi sur l'audiovisuel est terminé d'ici là. Le débat sur ce dernier texte, qui a donné lieu à une guérilla de la gauche sans précédent depuis 2007, devait reprendre jeudi soir, et se poursuivre vendredi et lundi.
La "bataille du dimanche" devrait se dérouler en deux temps. Les députés se limiteront la semaine prochaine à la discussion générale, et n'examineront les amendements qu'à la rentrée de janvier, précisait-on de mêmes sources. L'Assemblée interrompra ses travaux du 23 décembre au 5 janvier pour les fêtes de fin d'année.
L'examen de la proposition de loi déposée par Richard Mallié, député UMP des Bouches-du-Rhône, avait été reporté sine die mardi, officiellement du fait de la guérilla de la gauche contre la réforme de l'audiovisuel, mais en réalité en raison de l'opposition de plusieurs dizaines de députés de la majorité. Ce texte autorise sous conditions l'ouverture le dimanche des magasins non alimentaires dans les quatre premières agglomérations françaises (Paris, Marseille, Lyon et Lille) et les zones touristiques.
Les opposants de l'UMP, soutenus par les sondages qui montrent l'opposition des Français à l'extension du travail le dimanche, exigent que la loi se limite à régulariser les ouvertures pratiquées aujourd'hui dans l'illégalité dans les Bouches-du-Rhône et en région parisienne. Ils réclament que les agglomérations de Lyon et de Lille soient exclues du champ de la loi. Chef de file de la fronde, le député des Côtes d'Armor Marc Le Fur préparait une quinzaine d'amendements "de fond", selon son entourage.
Mais les opposants n'étaient pas tous aussi déterminés. Sur les 58 députés de la majorité ayant signé les tribunes publiées par la presse contre la proposition de loi, une quinzaine seulement étaient déterminés à voter contre, quoi qu'il arrive pendant le débat. Les élus de la région lyonnaise étaient les plus remontés.
Nicolas Sarkozy recevra lundi après-midi les députés UMP opposés à la proposition de loi sur le travail dominical, a-t-on appris auprès de l'un d'entre eux, Jacques Remiller.
Le gouvernement devra aussi affronter les députés socialistes, déterminés à s'opposer par tous les moyens à ce texte, comme ils le font depuis deux semaines dans le débat sur l'audiovisuel. "Nous avons préparé plusieurs milliers d'amendements. Les députés socialistes sont prêts", a réagi Jean-Marc Ayrault. Le président du groupe socialiste, signataire avec 121 députés PS, Verts, communistes et radicaux de gauche d'une tribune intitulée "Yes week-end" publiée jeudi par le quotidien "Libération", a dénoncé "l'obsession" de Nicolas Sarkozy "à vouloir imposer à tout prix ses volontés", sur l'audiovisuel comme sur le travail dominical. "Ce n'est pas par la brutalité qu'on pourra sortir le pays de la crise", a lancé le député-maire de Nantes. AP