un article intéressant à lire pour mieux comprendre le foutoir dans lequel le libéralisme nous a mis !!!
La crise est mondiale. Tous les pays souffrent. Les économies développées comme les émergentes. Mais sur le marché des changes, "il y a deux camps", remarque Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel. Celui des forts, qui pourraient s'en sortir plus facilement et plus vite, et celui des faibles, qui cumulent les handicaps et pour qui la crise risque de très mal se tterminer .
Dans la première catégorie on retrouve, bien sûr, les Etats-Unis. La première économie mondiale, à l'origine des turbulences, est sévèrement affectée. On a maintenant une preuve tangible de son entrée en récession. Jeudi 30 octobre, le secrétariat au commerce a annoncé une croissance négative au troisième trimestre, de 0,3 % en rythme annuel.
Mais pour endiguer au plus vite la déconfiture de l'économie américaine, stopper la montée du chômage, relancer la consommation et préserver le pouvoir d'achat des ménages, la Réserve fédérale (Fed) peut agir vite et brutalement. Pour la neuvième fois depuis le début de la crise en août 2007, la Fed a baissé, mercredi, ses taux directeurs de 0,5 point, pour les ramener à 1 %. Ce niveau extrêmement faible du loyer de l'argent devrait, comme après l'éclatement de la bulle Internet, contribuer à relancer un système économique et financier grippé.
"PAS DE BUT MACHIAVÉLIQUE"
Si besoin, la Fed pourrait même aller plus loin. Ben Bernanke, son président, l'a laissé entendre. Rien ne l'en empêche : l'inflation s'apaise et le dollar reste une monnaie de référence internationale. Après le geste de la Fed qui aurait pu affaiblir le billet vert, le dollar s'est d'ailleurs tenu et s'échangeait vendredi contre 1,27 euro, un niveau comparable à son cours de la semaine précédente.
Pour lutter contre la tempête qui s'abat sur l'économie mondiale, la plupart des autres banques centrales ont appliqué la même recette que la Fed. La Banque centrale de Chine a réduit, mercredi, de 0,27 point ses taux, à 6,66 %. La banque centrale du Japon, avec moins de marge de manoeuvre, a aussi réduit vendredi son taux directeur de 0,20 point, à 0,30 %. Et début novembre, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre s'apprêtent, elles aussi, à assouplir leur politique monétaire.
Mais tous les pays ne disposent pas d'un tel "luxe". Alors que la crise frappe encore plus fort en Hongrie, que le premier ministre mise sur une contraction de 1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2009, autrement dit que l'on y parle de "dépression" et non plus de "récession", la banque centrale a relevé de 3 points, à 11,5 %, ses taux directeurs. En Serbie, l'autorité monétaire a, elle, décidé de relever ses taux de 15,75 % à 17,75 %. En Islande, la hausse appliquée au loyer de l'argent est encore plus spectaculaire : de 6 points, à 18 %.
Les responsables des banques centrales de ces pays d'Europe du Nord et de l'Est ne sont pourtant pas devenus fous. Ils n'ignorent pas que leur intervention peut anéantir une économie qui tourne au ralenti, voire qui ne tourne plus du tout.
Mais ils n'ont pas le choix, il faut défendre la monnaie. Depuis quelques semaines, le forint hongrois, le dinar serbe et la couronne islandaise plongent à des niveaux intenables. En voyant la crise s'aggraver, les investisseurs fuient ces zones jugées à risque, rapatrient leurs capitaux en lieux sûrs et convertissant massivement des forints, des dinars et des couronnes islandaises contre des euros, des dollars ou des yens. "Les investisseurs ne font pas ça dans un but machiavélique, pour casser les pays, mais pour préserver leurs profits", explique M. Mourier.
"UNE BELLE CRISE DE CHANGE"
Quel que soit le motif de ces mouvements de capitaux, le résultat est désastreux pour les pays délaissés. Là-bas, ces retraits provoquent "une belle crise de change", signale René Défossez, chez Natixis. "Les Etats sont obligés de protéger leur monnaie alors qu'il y a un risque de récession très très sévère, poursuit-il, ensuite l'Etat peut faire défaut et c'est allô le FMI (le Fonds monétaire international) ! Et on demande l'aide internationale."
Le FMI, l'Union européenne et la Banque mondiale ont d'ailleurs annoncé, mardi, qu'ils accorderaient 20 milliards d'euros de prêts à la Hongrie. L'Islande, qui attend déjà 2,1 milliards de dollars du FMI, cherche aussi de nouveaux prêteurs. Quant à la Serbie, elle espère s'en sortir sans l'aide financière du FMI grâce à ses réserves de changes, mais négocie toutefois un accord avec l'organisation internationale pour que cette dernière la conseille et l'aide à surveiller la situation économique du pays.