L'UMP, une vie après le PS ? Eric Besson, 50 ans, l'ancien économiste du PS, rallié à Nicolas Sarkozy à la veille de l'élection présidentielle de 2007, puis remercié par un secrétariat d'Etat à la prospective, s'apprête à franchir un nouveau tabou. Le président de la République, aux commandes pour restructurer début janvier l'UMP, a demandé à son ministre d'ouverture de rejoindre le parti majoritaire. Lire la suite l'article
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L'ancien député socialiste de la Drôme devrait intégrer l'organigramme du parti, sans doute au poste de secrétaire général adjoint, traditionnellement dévolu à des membres de l'UMP.
Parallèlement, son mouvement, Les Progressistes, entrera dans la future Confédération de la majorité. Cette nouvelle structure, que présidera Jean-Claude Gaudin, doit servir de "maison commune" aux partis alliés ou associés de l'UMP.
En retour, M. Besson serait assuré d'une promotion dans le gouvernement. Il pourrait remplacer, au ministère de l'immigration et de l'identité nationale, Brice Hortefeux, appelé à succéder à Xavier Bertrand au ministère du travail et des affaires sociales. "Nicolas Sarkozy veut en faire une lame de l'UMP", explique un membre de l'équipe dirigeante.
M. Besson s'avoue "sans état d'âme". "J'assume totalement le fait d'être partie prenante de la majorité. J'ai voté Nicolas Sarkozy au premier et au second tour. Il a fait bouger les lignes politiques, il n'est pas prisonnier de dogmes, se justifie-t-il. Aujourd'hui, j'estime que les réformateurs se trouvent à l'UMP et les conservateurs au PS. Je considère que Nicolas Sarkozy est celui qui incarne le mieux le blairisme."
En ce mois de décembre, alors que bruissent les rumeurs de remaniement, et d'une nouvelle ouverture, M. Besson savoure, devant un saladier de fraises et de fruits rouges, son ascension. "Je suis à l'aise. Très. Trop !", confie-t-il. Ses collègues du gouvernement le décrivent comme "très en cour" à l'Elysée. "Il a l'oreille du président", rapporte l'un. "C'est le premier de la classe", constate Jean-Marie Bockel qui a connu un parcours gouvernemental moins ascendant. "Le chef de l'Etat le consulte pour décrypter le PS", note un autre.
Dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, M. Besson avait déjà joué les préparateurs du candidat de l'UMP pour son débat avec Ségolène Royal. "Je ne suis pas un intime du président, rectifie-t-il. Avec Nicolas Sarkozy, nous avons des relations politiques épisodiques. Nous sommes dans une relation de confiance mutuelle. Lorsqu'il confie une mission, il juge sur le résultat. A l'anglo-saxonne."
Depuis plusieurs semaines, d'anciens camarades de la Rue de Solférino ont demandé à le rencontrer. Il les a discrètement reçus dans son bureau, rue Saint-Dominique, qui abrita provisoirement M. Sarkozy entre son élection et sa passation de pouvoirs avec Jacques Chirac.
Le paria du PS, le traître rallié à M. Sarkozy, savoure là aussi sa revanche. "Je n'ai jamais décroché mon téléphone. Je ne suis pas un rabatteur. Mais ma porte n'est pas fermée pour ceux qui veulent spontanément me voir", précise-t-il, en demandant au journaliste de "lever le stylo".
M. Besson manie les confidences avec prudence. Peur d'en dire trop. Crainte de se nuire. Pendant dix-huit mois, il a tu ses divergences. Les tests ADN pour les candidats au regroupement familial ? L'emprisonnement des mineurs de 12 ans ? Il a réprouvé... intérieurement.(quel courage !!! ) "Je suis dans un gouvernement et solidaire de son action, et je trouve que le gouvernement réforme bien. Je suis particulièrement à l'aise depuis la crise."
Discret sur ses petites divergences, travailleur, expert en économie, pourfendeur du PS, passerelle avec les socialistes, M. Besson a le profil parfait aux yeux de M. Sarkozy pour donner à l'UMP un air d'ouverture.